Conçu par l’imaginaire de certains astrophysiciens, Beta Pictoris, planète détectée dans la constellation du peintre, a enfin pu être photographiée au cours de l'année 1984 par des astronautes américains.
Ce cliché, révélé et reproduit pour faire-part de naissance à travers un ou plusieurs quotidiens, a été désigné, à l'image du désir, comme configuration d'un système solaire identique au nôtre(de par sa formation)située à une soixantaine d’années - lumières de la Terre, c'est-à-dire la porte à côté, ou plutôt juste en face - (Le dispositif fonctionnerait en rétroviseur de notre éclosion).
Ainsi sommes-nous condamnés, de par la fatale programmation de notre image, à la duplication, alors qu'ici-bas la conscience même de cette image aura sans doute muté dans la nécessité inconnue du hasard.
Beta Pictoris, “nid d'archétypes” en chantier, s'est installé dans l'imaginaire d'une Pictoricienne, astreinte par définition à l'image du désir, à la duplication dans les mécanismes d'apparition des images de la conscience, entre la cécité du chaos et la nécessité de l'ordre qui fige le vertige juste à rebours de l’évènementiel. C'est alors que la Beta Pictoricienne, engagée dans une procédure de l’image, se hérisse, en instance contre la gesticulation du chaos, pour s'adonner au geste pictural et à la représentation.
Au cœur de l'événement (mécanisme d'apparition) elle tracasse le Même pour traquer L'Autre, les réfléchit, puis, bourrelée de remords, sombre à nouveau dans les remous du chaos.
Christine Gaussot 1986